Roy ne sera plus jamais un enfant.
– Lynne Tillman in 'Book of Roy'
Le livre de Roy apparaît comme une chronique lente, terrible et sublime à la fois d'un adolescent américain qui grandit, qui perd sa naïveté, gagne en ironie. Nulle mélancolie mais une certaine cruauté, un regard distant bien que probablement empathique. Nulle quête de la beauté de la jeunesse perdue, plutôt la peinture de son côté absurde, aussi ingrat qu' apathique. Le temps, la nostalgie, l'âge, ont ils leur place dans l'univers familier, banal et limité de Roy?
Roy, c'est l'expérience de l'aboulie banale et profonde, cette diminution ou privation de la volonté. Ne rien vouloir, ne rien désirer, peut être même ne rien craindre. C'est une forme d'être là. L'homme aboulique ne pense pas, refuse de penser, ou tout simplement oublie de penser. C'est la révolte de l'enfant qu'on prive soudain de son doux univers imaginaire pour le propulser dans une forme de dure réalité. Roy est il l'incarnation de l'enfant gâté ou bien de l'enfance sacrifiée?
Roy est il conscient du rôle iconique et controversé qu'il incarne pour la caméra? N'est il pas devenu son propre personnage, par le truchement subtile d'une mise en abîme : l'enfance dans l'adolescence (ou l'inverse!)?