CollectionLes jours plus longs
« Il faut du temps pour réaliser que les jours s’allongent. D’une minute imperceptible à plusieurs heures gagnées sur l’obscurité, c’est souvent un soir de printemps qu’on en prend véritablement conscience. Le solstice d’été n’est alors plus très loin et cet étirement des jours est presque terminé.
En se mettant à l’écart du monde et de l’urgence, chaque minute devient palpable. Avec l’allongement des jours vient le retour de la douceur qui s’accompagne de la fonte des glaces et de la naissance des premières fleurs. L’ébullition fertile dure quelques semaines, quelques jours seulement pour la profusion de fleurs dans les vergers. Comme la floraison, cette sensation des jours plus longs est quelque chose d’éphémère. Pour contempler pleinement ces phénomènes, il faut accepter de s’arrêter. S’arrêter, comme le font les enfants devant cette fleur, cette plume, ce nuage ou cet arbre qui interpellent leur regard. À l’écart du monde, l’arrêt n’est plus contraint, il est bienfaiteur.
À l’heure où le rythme des saisons s’efface, s’altère, cet arrêt nous permet de mesurer à quel point ces transitions douces sont précieuses.
Prise dans une urgence qui m’avait dépassée, j’avais quelque peu oublié ce goût de la contemplation qui guide pourtant le déclenchement de mon appareil. C’est en Norvège, cela aurait pu être ailleurs, que je l’ai retrouvé. J’espère ne pas le perdre après le prochain solstice quand les jours déclineront. »
