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CollectionAbandon

Rappelez-vous. Les éclats de rire, le tintement des verres, une vague (et plaisante ?) odeur de cigarette qui se mêle à tout le reste. Et le cœur qui bat à l’unisson avec la musique. Depuis un an, il faut aller chercher dans les profondeurs de notre mémoire ces souvenirs de fêtes, de soirées dansantes, de rassemblements familiaux ou amicaux. Cha Gonzalez traque ces moments de détente, d’abandon, solitaires ou collectifs, de libération voire d’exaltation dans des endroits un peu hors normes, « où on teste ses limites, où on cherche à sortir de soi. » Une libération pour la photographe de 35 ans.

« Je suis dans une quête de transe, c’est une recherche charnelle. J’en ai besoin. Depuis des années je poursuis mon travail avec cette idée. » Une idée à l’étrange résonance aujourd’hui, alors même que ces rassemblements, au rythme des confinements et des couvre-feux qui ponctuent notre actualité pandémique, sont désormais interdits. Et pourtant la fête continue. Parfois clandestine. Redevenant, dans cette période particulière, ce qu’elle était : un exorcisme spirituel libératoire qui oppose au temps du jour, du labeur, de l’ennui, de la mort, celui de la nuit, et donc de la vie. L’abandon en rupture, face à une continuité de retenue. Un contrepoint séduisant dans un monde plutôt habitué à l’hyperfestivité... lorsqu’on fantasme, faute de mieux, la fête dans la permanence du quotidien. Et si, en restaurant la frontière entre temps festifs et non-festifs, le Covid-19 était en train de sauver la fête ? Initiée en 2009 et consolidée à partir de 2015, ce travail nous rappelle que la fête a un sens. Et qu’elle ne vibre pour de bon, dans toute sa puissance, que lorsqu’elle s’oppose au continuum de la vie de tous les jours.